La guerre va prendre fin dans un peu plus d’un an. Nous sommes en mars 1944. En Pologne, dans les camps d’extermination, la température descend à – 30 °C. Simone veil, sa mère et sa soeur survivront. Moi aussi. Ma famille, non. Propos recueillis par Karine Grunebaum.
Ce matin, les élèves de l'école Moser à Genève ont eu l'opportunité d'écouter le témoignage de Noëlla Rouget, résistante française arrêtée en juin 1943 et déportée à Ravensbrück pendant la Seconde Guerre Mondiale. "Je ne suis ni historienne ni professeur d'Histoire. Je suis un témoin qui a vu, qui a subi, et vu aussi des milliers d'autres femmes et d'enfants subir les terribles sévices infligées par des hommes dont le pays avait perdu son âme", a-t-elle déclaré devant une salle remplie d'oreilles attentives et captivées par ce témoignage plus qu'émouvant.
Survivant des camps de la mort, le professeur Sami Sandhous a partagé son expérience pour la première fois avec des étudiants. A la sortie de la classe, les élèves font la queue. L'un après l'autre, sans se presser, ils serrent chaleureusement la main à un homme aux yeux d'un bleu aussi profond que les épreuves qu'il a traversées. Une poignée de main, un «merci, merci beaucoup», les yeux dans les yeux, touchés. Pour exprimer leur émotion face au témoignage qu'il leur a livré.
"Ma mère était désolée : je ne peux plus rien pour vous. J'ai été catastrophé d'entendre cette phrase. Nous avions été raflés et emmenés dans le stade de notre ville, à Benjin, en Pologne. J'avais 11 ans. Nous étions tous là, mes deux frères, mes deux soeurs, à l'exception de mon père, qui avait déjà été raflé à son travail. J'étais catastrophé et en même temps, j'ai ressenti toute la noblesse qu'il y avait dans cette phrase. Peu après, elle nous demandait de partir, coûte que coûte, de nous enfuir, dès qu'on pourrait. Le stade était très bien gardé.
Née en 1943 dans un camp de concentration, Emma a subi des expériences faites par les nazis sur des enfants. Restée handicapée à vie, elle se confie pour la première fois.
